lundi 8 février 2010

Didier Blonde, Un amour sans paroles


Ca commence avec un accident de la route. L’actrice de cinéma muet Suzanne Grandais meurt le samedi 28 août 1920. Suzanne Grandais ? Nombreux sont ceux pour qui ce nom ne signifie rien du tout. Et j’en faisais parti avant la lecture du livre, un amour sans paroles, de Didier Blonde.

Le narrateur nous emmène dans son enquète sur cette actrice, vedette de cinéma muet. Et puis le temps est passé, et Suzanne Grandais a été oublié. C’est alors que dans les archives, il trouve un manuscrit signé d’un certain Jean D. L’histoire est ce qu’elle est, elle nourrira une grande partie de ce livre. Ce Jean D. s’avère être un fan de l’actrice, un amoureux qui ne la rencontrera jamais. Un amoureux qui semble avoir les traits de notre narrateur tant ce dernier s’identifie dans son enquète biographique sur l’actrice.

L’écriture est subtile, simple et l’on se découvre aimer cette Suzanne Grandais, pourtant méconnu au début de l’ouvrage.

« Quel secret perdu est-e que je crois pouvoir lire encore sur ces visages ? La mort de mes parents a fait de moi un spécialiste du muet. C’est là que je crois les reconnaître encore, dans ces passants qui leur ressemblent, et que je peux les faire parler à mots couverts. lanterne magique de l’enfance. À cette époque, le cinéma ouvrait les yeux émerveillés sur le monde et semblait n’avoir été inventé que pour célébrer la beauté des femmes dans la poésie du vent. Cétaient des élégantes en parures de diamant, dissimulées sous des voilettes et des chapeaux à l’architecture improbable, poursuivies par des hommes un peu ridicules, toujours jaloux, monocléset guêtrés de blanc. Aujourd’hui, elles sont redevenues presque aussi anonymes que ces figurants qu’on aperçoit furtivement, retirés dans les doubles fonds de l’écran. »


Gallimard, Février 2009

Collection l’un et l’autre

ISBN 978 2 07 012469 5

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