Jacques Chessex, décédé brutalement en octobre dernier alors qu’il donnait une conférence sur un de ses ouvrages, signe, avec le dernier crâne de M. de Sade, une oeuvre brutale et sublime. Récemment, la Suisse, pays de l’auteur, a décidé de censuré ce roman. Là-bas, le roman est sous cellophane, avec la mention « réservé aux adultes ». Quelle stupidité !
En France, on peut feuilleter le dernier roman de Chessex avant de se le procurer, on peut parcourir les passages qui ont ébranlé nos voisins helvètes.
Dans ce livre, l’auteur nous raconte les derniers jours du marquis de Sade enfermé à l’hospice de Charenton. L’enferment ne lui empêche pas de recevoir des visites sulfureuses, où le vieillard obèse vient se faire offrir des actes de sodomies par sa chère Madeleine. Ce livre est redoutable tant il nous plonge dans la tête de Sade. Cette dernière aurait alors des effets sur ses propriétaires successifs, chacun ayant un destin tragique. Dans ce roman, le narrateur se permet même de voler le crâne du marquis, pour se l’approprier...
Mais voici des extraits, étonnants, sachant que ce livre est posthume :
« La conduite d’un homme avant sa mort a quelque chose d’un dessin au trait aggravé. Il y acquiert un timbre à la fois plus mystérieux, et plus explicite que son destin. Dans la lumière de la mort, dont le personnage ne peut ignorer entièrement la proximité, chacune de ses paroles, chacun de ses actes résonne plus fort, de par la cruauté du sursis. »
enfin l’auteur conclut le livre avec deux vers d’un poème d’Eichendorff:
« Comme nous sommes las d’errer ! Serait-ce déjà la mort ? »
Troublant...
décembre 2009
ISBN 978 2 246 76611 7
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